jeudi 2 septembre 2010

Des nouvelles de Cosne!

SNUipp


DOSSIER DU MOIS


METIER : Retrouver son pouvoir d’agir

Cosne : Les coudées franches

31 août 2010


Une formation a permis à l’équipe de l’école Paul Doumer de trouver des solutions à des préoccupations professionnelles communes.

« Le travail collectif nous a redonné des marges de manœuvre ».
À l’école Paul Doumer, à Cosne-sur-Loire dans la Nièvre, les enseignantes ont construit cette conviction petit à petit. Bien sûr, elles constituaient déjà une équipe afin de régler certaines questions liées à la vie de l’école. Mais grâce à une formation filée sur l’année, les 10 enseignantes du groupe scolaire ont donné une nouvelle dimension au travail à plusieurs. « Celle d’un réseau professionnel qui constitue une ressource dans le travail du quotidien » explique la directrice Noëlle Maîtrepierre. Sa collègue, Françoise Passas évoque même « un certain plaisir retrouvé ». « Seules, parfois, on n’y arrivait plus ». Évaluations, élèves en difficulté, aide personnalisée, PPRE, PPS… elles ont le sentiment qu’il faut tous les jours repousser les limites du possible. Avec en toile de fond, cette impression amère de ne pas pouvoir faire ce qu’il faut pour tous les élèves et notamment ceux qui réclament une attention toute particulière.

« LE TRAVAIL EN EQUIPE, C’EST COMPLEXE »

Tout part de cette formation singulière montée en collaboration avec l’INSHEA [2]. L’objectif était de réfléchir aux élèves en difficultés, à ceux que l’on dit « perturbateurs ». Toute l’année, une journée par semaine, une quinzaine de professionnels divers se réunissaient dans l’école. Il s’est constitué un groupe inter-métiers, avec les enseignants remplacés en classe par des PE2 en stage filé, les RASED, les référents, mais aussi les conseillers pédagogiques. « On avait régulièrement un cadre de travail collectif, un espace qui permet de penser puis d’agir à plusieurs quand d’habitude on se sent seul et dans l’urgence » explique la directrice.


C’est là toute l’essence du projet mais aussi toute sa difficulté. « Le travail en équipe, c’est complexe » explique Françoise. « Le regard des autres sur son travail, cela ne va pas de soi dans une école où on est les seuls maîtres à bord dans sa classe ». Les formateurs leur ont permis de parler de leurs enseignements, de faire réseau. « On a évoqué des questions sensibles liées à nos pratiques, à notre conduite de la classe » témoigne Edith Vermeulen, enseignante en maternelle. Elles ont pris le temps de regarder le détail de l’ordinaire du métier plutôt qu’à faire de l’extraordinaire : « Comment mènes-tu tes séances de motricité ? Comment fais-tu avec cet élève difficile ? » Résultat, des questions mises à jour que les enseignantes avaient rarement l’occasion d’évoquer. En les mettant dans le champ du discutable, ces situations deviennent des préoccupations professionnelles communes. Et au lieu de bloquer ou de souffrir seules, elles évoquent les solutions ensemble.

EXPLIQUER AUX FAMILLES

Le métier se situe aussi dans des petites inventions qui se renouvellent au quotidien. En les partageant, « on rend visible et explicite toute une palette d’actions possibles et de postures professionnelles » rend compte Edith. C’est ainsi que certaines ont fait évoluer l’aménagement de leur classe. « J’avais des élèves très difficiles qui certains jours bousculaient la classe. On a cogité ensemble. Puis, on a travaillé notre position lors des retours au calme après les récréations, ou entre deux séances ». Un coin « tranquillité » a été installé dans les classes pour « enlever sans exclure » des élèves qui décrochent à un certain moment. Elles ont mis au point un baromètre du bruit selon trois niveaux de tolérance en fonction de l’activité de la classe : travail individuel, en petit groupe ou échanges collectifs. « Ce ne sont pas des recettes reproductibles partout. C’est le résultat de notre travail d’équipe face aux questions professionnelles de notre école. Cela nous renforce » se réjouit Noëlle, la directrice. Comme pour l’aide personnalisée qui a été l’objet de discussions, chacune portant un regard plus ou moins critique sur le dispositif. « Plutôt que de faire chacune de son côté, on a tout mis sur la table » renchérit la directrice. « Qu’est-ce que l’on veut faire de ce temps ? Pour quels élèves ? Avec quelle collaboration avec le RASED ? » Une fois ces questions éclairées, il leur a été plus facile de se mettre en marche. Par exemple,le travail est axé sur le langage pour les cycles I car le petit groupe le permet. Des décloisonnements et échanges de service ont été mis en place. « L’aide, ce n’est que pour des difficultés légères » explique Nicole Pérardot, maîtresse E. « Pour les cas plus lourds, nous prenons le relais ». Tout le monde est au clair sur ce point. Un travail important en direction des familles a d’ailleurs été instauré pour mieux les accueillir et bien leur expliquer les différents projets. « On s’entraîne ensemble à bien mener des entretiens avec les parents. C’est un des effets de cette formation qui a fait naître un collectif professionnel ». Plus serein, plus fort.