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Le développement d’un enfant est dépendant d’un socle de sécurité psychique : désir de ses parents qu’il existe, sans pour autant être assigné à prendre une place impossible, pris dans le désir irraisonné de ces enfants ; autorisé à s’ouvrir au monde, et donc en sécurité, attiré vers l’ouverture à l’autre. A l’inverse, qu’il devienne un enjeu tiraillé entre deux parents qui en font un objet de conflit,

L’enfant n’est que l’interprétation de la place qu’on lui donne. Mais il n’est pas pour autant sans ressource : il interagit avec son environnement, il rit ou il pleure, il est propre ou non, il intériorise (ou non) le fait qu'on va lui répondre (ou non...). Il peut donc être empêché de "tenir en place", trop inquiété dans ses premiers souvenirs de l'arbitraire inexplicable de son entourage.
Mais la "sécurité interne" ne fait pas tout. Encore faut-il construire l'estime de soi, si exacerbée dans notre société hédoniste. "Il faut que je sois reconnu". C'est au coeur de la relation pédagogique : un enfant qui refuse la main tendue de l'enseignant décontenance l'enseignant, comme une mère à qui son enfant ne sourit pas. Si on est dans le doute sur ses capacités, la moindre déconvenue va engendrer une rupture intérieure. Dans un "métier qui éreinte", l'enseignant ne peut que restituer que ce qui l'alimente... Il n'y a pas de don gratuit : l'enseignant, comme les autres, attend d'être payé en retour, respecté, reconnu.


Cela passe par du travail à plusieurs, y compris en changeant de rôle, afin de ne pas personnaliser à outrance les difficultés : le collègue est une ressource pour moi. Cela passe par un travail avec les parents, les partenaires internes et externes (RASED, CMP, CMP, SESSAD), pour permettre des pas de côté.
Cela demande aussi qu'on préserve la spécificité du secteur médico-social : le fonctionnement de la MDPH, avec la loi de 2005, est intéressant, à condition qu'il ne fasse pas trop de place à la décision des parents qui imposent parfois des décisions d'intégration impossibles. Je suis pour que les élèves soient accueillis dans les établissements au bon moment, c'est à dire pas trop tard. Les enseignants référents sont une cheville ouvrière indispensable, et vous devez signaler les enfants en grande souffrance pour que l'équipe pluridisciplinaire se penche sur son cas.
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